
J'ai toujours aimé la forêt. Petite fille, je suivais ma maman, à la recherche des champignons et des brimbelles dans ma forêt natale vosgienne. Adolescente, je parcourais seule la montagne en hiver pour y ramener le houx et le gui qui décoreraient la maison pour les fêtes de fin d'année. Une fois adulte, j’ai continué à sillonné nos forêts avec le compagnon de ma vie derrière nos deux chiens, et ces moments étaient toujours du bonheur à l'état pur.
J'ai en tête, quelques anecdotes de ces mini-expéditions dans le massif de la Madeleine, et la roche des hauts-champs qui me donne aujourd'hui le sourire en les évoquant.
Sans connaître ce qu'on appelle aujourd'hui « la Sylvothérapie » nous savions déjà intuitivement que les arbres possèdent et diffusent de l’énergie... Puisqu'en fait, tous les êtres vivants possèdent leur aura, leur énergie, leur vibration…. Les arbres, connectés à la terre par leurs racines, et au ciel par leurs branches, possèdent une énergie particulièrement forte dont nous pouvons nous ressourcer.
Des études scientifiques démontrent désormais que l’énergie des arbres et de la forêt ont un fort pouvoir relaxant, apaisant, anti-anxiogène.


Quand mon ami Pascal m'a proposé de faire une petite balade dans la forêt de Osa à la rencontre de quelques beaux spécimens d'arbres, c'est tout naturellement que j'ai accepté avec intérêt. Le petit chemin forestier ne manque pas de surprises. Dès les premiers mètres, le ton est donné, un terciopelo (fer de lance) endormi entre les racines nous rappelle les bases élémentaires de la prudence. Nous le contournons sans interrompre sa sieste, et continuons notre route dans ce dédale vert.
Plus nous avançons, plus les arbres deviennent majestueux, immenses, leurs racines imposantes bien ancrées dans le sol humide. Ils semblent invincibles, éternels, ils sont plusieurs fois centenaires. Des lianes montent ou descendent, on ne sait plus très bien où elles naissent, mais elles ont des formes tarabiscotées.
Après une petite heure de balade contemplative nous arrivons à un endroit magique, sorte de point de rendez-vous des géants... Le spectacle est irréel et d'une rare beauté. Je pense aux décors de Avatar. Pascal m'entraine vers l'un de ces mastodontes. Il me raconte que cet arbre qui se dresse devant nous est creux à l'intérieur et qu'un scientifique serait entré avec 10 de ses étudiants à l'intérieur de l'arbre.
Une entrée sombre se trouve en effet au niveau des racines, une sorte de tanière assez étroite. Pascal est claustrophobe et me préviens que si l'envie me prend, il ne sera pas possible pour lui de m'y accompagner.
Je suis un peu piquée par la curiosité mais je me demande ce que je pourrais rencontrer à l'intérieur. Un animal ? un rat ? un serpent ? Non, pas prudent. Je me dis que je vais juste jeter un coup d'œil à l'entrée pour voir la galerie. Je passe prudemment la tête, puis une épaule, et un peu plus tard la seconde. La galerie se divise en deux chemins. La partie gauche semble s'agrandir. Je rampe un peu dans cette direction pour voir. Mes jambes restent en dehors dans une position qui n'est guère flatteuse mais qu'importe. Je me sens captivée, happée. Je me surprends à m'enhardir, à m'avancer dans l'espoir d'apercevoir la pièce où se tenaient les étudiants. Je dois être aux 3/4 glissée à l'intérieur. Mon sac à dos me gêne, je n'avais pas prévu d'aller si loin sinon je l'aurais quitté. Je me sers de mon téléphone pour éclairer devant moi. Une chauve-souris m'effleure m'arrachant un petit cri de surprise. J'en vois maintenant plusieurs suspendues à la paroi. Ma lumière les dérange. Je l'oriente vers le bas et continue ma progression puisque maintenant je vois plus clairement une grande pièce spacieuse où il sera commode de faire demi-tour. Les parois sont magnifiques, un peu comme du liège. Au-dessus s'élève un cône comme une grande cheminée noircie qui monte vers le sommet de l'arbre. J'ai du mal à réaliser que je suis au cœur d'un arbre !
A ce moment j'ai fermé les yeux un instant comme pour imprégner mieux le moment. Le temps s'est arrêté. J'ignore combien de temps je suis restée à contempler les chauves-souris, les dessins de l'écorce, ma vision devenait toujours plus précise. J'étais totalement rassurée. Une douce odeur de champignons flottait dans mes narines. J'étais dans l’instant présent. Je me sentais confortable sur ce tapis de sciures, une énergie douce semblait me pénétrer.

La voix de Pascal me rappela à la vie de l'extérieur.
- "Ca va ?"
- "Oui, oui, tout va bien, je reviens !" A regret, je jetais un dernier coup d'œil sur les parois et la cheminée, prenais congé de mes copines les chauves-souris -un peu agacées de cette intrusion chez elles- et me dirigeais, toujours en rampant, vers la sortie qui me semblait encore plus étroite qu'à l'aller.
Fierté, d'avoir dépassé mon appréhension à aller vers l'inconnu.
Plaisir, d'avoir vécu une expérience peu ordinaire dont je garderai longtemps le souvenir.
Amusement, de penser que cet arbre et moi ne formions qu'un seul Etre.

Au retour, Manuel qui a vécu sa jeunesse dans ces forêts, me confiait avec un petit sourire :
- Tu as vu les cucarachas (blattes) ? Il y en a plein sur le sol !
Et bien non, pas vu, donc pas eu peur.
Peut-être ai-je eu de la chance ce jour-là, la cabane cachée n'était pas habitée, ou bien ai-je mérité la plus belle des consolations sentimentales, celle qu'un être aussi magnifique et grandiose soit disposé à m'ouvrir son cœur...
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Renseignements : Pascal ou Manuel - Punta Préciosa - Osa
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